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LE BOSSU.

— Obéir, répondit Aurore, afin de le sauver.

Dona Cruz se leva enchantée.

— Partons ! s’écria-t-elle ; partons… le prince nous attend.

Puis, s’interrompant tout à coup, tandis qu’un nuage voilait son sourire :

— Sais-tu, dit-elle, que je passe ma vie à faire de l’héroïsme avec toi !… Je n’aime pas comme toi, certes, mais j’aime à ma manière, et je te trouve toujours sur mon chemin.

Le regard étonné d’Aurore l’interrogeait.

— Ne t’inquiète pas trop, reprit dona Cruz en souriant ; moi, je n’en mourrai pas, je te le promets… Je compte aimer ainsi plus d’une fois avant de mourir… mais il est certain que, sans toi, je n’eusse pas renoncé ainsi au roi des chevaliers errants… au beau Lagardère !… Il est certain encore qu’après le beau Lagardère, le seul homme qui m’ait fait battre le cœur, c’est cet étourdi de Chaverny…

— Quoi ? voulut dire Aurore.

— Je sais ! je sais !… Sa conduite peut paraître légère… mais que veux tu ?… Sauf Lagardère, moi, je déteste les saints… Ce monstre de petit marquis me trotte dans la cervelle…

Aurore lui prit la main en souriant.

— Petite sœur, dit-elle, ton cœur vaut mieux