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LE BOSSU.

aux lèvres un sourire équivoque ; une fois mariés, tu emmènes ta femme au fond de quelque province… tu fais durer la lune de miel éternellement… à moins que tu ne préfères revenir seul… dans un temps moral…

— Et si elle refuse ? demanda le petit marquis.

— Si elle refuse ?… ma conscience ne me reprochera rien… elle sera libre…

Gonzague baissa les yeux malgré lui en prononçant ce dernier mot.

— Vous disiez, murmura Chaverny, qu’elle n’avait qu’une chance… si elle accepte ma main, elle vit… si elle refuse, elle est libre… je ne comprends pas !

— C’est que tu es ivre ! répliqua sèchement Gonzague.

Les autres gardaient un silence profond.

Sous ces lustres étincelants qui éclairaient les riantes peintures du plafond et des murailles, parmi ces flacons vides et ces fleurs fanées, je ne sais quelle sinistre impression planait.

De temps en temps, on entendait le rire des femmes dans le salon voisin.

Ce rire faisait mal.

Gonzague seul avait le front haut et la gaieté aux lèvres.