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LE BOSSU.

Le duc de Bourbon était là donnant la main à la princesse de Conti ; le chancelier d’Aguesseau menait la princesse palatine, lord Stair, ambassadeur d’Angleterre, se faisait faire la cour par l’abbé Dubois. Un bruit se répandit tout à coup dans les salons, dans les cours, sous les charmilles, un bruit fait pour affoler toutes ces dames, un bruit qui fit oublier le retard du régent et l’absence de ce bon M. Law lui-même !

Le czar était au Palais-Royal ! le czar Pierre de Russie, sous la conduite du maréchal de Tessé, qu’on appelait son cornac, et suivi de trente gardes du corps qui avaient charge de ne le quitter jamais.

Emploi difficile ! Pierre de Russie avait les mouvements brusques et les fantaisies soudaines. Tessé et ses gardes du corps faisaient parfois de rudes traites pour le joindre quand il échappait à leur respectueuse surveillance.

Il était logé à l’hôtel Lesdiguières, auprès de l’Arsenal. Le régent l’y traitait magnifiquement, mais la curiosité parisienne, violemment excitée par l’arrivée de ce sauvage souverain, n’avait pu encore s’assouvir, parce que le czar n’aimait point qu’on s’occupât de lui. Quand les passants s’avisaient de s’attrouper aux abords de son hôtel,