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LE BOSSU.

— De grandes dames, répliqua la gitanita de bonne foi ; — va ! ce sont bien là les Parisiennes que j’avais rêvées dans notre Madrid !… Point de voiles jaloux ! point de dentelles prudes !… les dames de la cour, ici, chantent, rient, boivent, jurent comme des mousquetaires… c’est charmant !…

— Es-tu bien sûre que ce soient des dames de la cour ?

Dona Cruz fut presque offensée.

— Je voudrais bien les voir, dit encore Aurore. Sans être vue, ajouta-t-elle en rougissant.

— Et ne voudrais-tu point voir aussi ce joli petit marquis de Chaverny ? demanda dona Cruz avec un peu de moquerie.

— Si fait, répondit Aurore simplement ; — je voudrais bien le voir.

La gitanita, sans lui donner le temps de la réflexion, la saisit par le bras en riant et l’entraîna vers l’escalier dérobé.

Les clameurs de l’orgie s’engouffraient dans l’étroit couloir. Aurore faillit tomber dix fois avant d’arriver au boudoir du premier étage.

Là, les deux jeunes filles n’étaient plus séparées de la fête que par l’épaisseur d’une porte.