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LE BOSSU.

Quand il fallut se montrer, il se montra, et comme le troupeau des assaillants qui l’entouraient n’avait ni valeur ni vertu, il n’eut besoin que de se montrer.

À l’époque où se continue notre histoire, Philippe d’Orléans était encore derrière son matelas. Il dormait, et les clabauderies de la foule ne troublaient point son sommeil. Dieu sait pourtant que la foule clabaudait assez haut, tout près de son palais, sous ses fenêtres et jusque dans sa propre maison ! Elle avait bien des choses à dire, la foule ; — sauf ces infamies qui dépassaient le but, sauf ces accusations d’empoisonnement que l’existence même du jeune roi Louis XV démentait avec énergie, le régent ne prêtait que trop le flanc à la médisance. Sa vie était un éhonté scandale ; sous son règne, la France ressemblait à l’un de ces grands vaisseaux désarmés qui s’en vont à la remorque d’un autre navire. Le remorqueur était l’Angleterre ; enfin, malgré le succès de la banque de Law, tous ceux qui prenaient la peine de pronostiquer la banqueroute prochaine de l’État trouvaient auditoire.

Si donc, il y avait cette nuit dans les jardins du régent un parti de l’enthousiasme, la cabale mécontente ne manquait pas non plus : mécon-