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LE BOSSU.

palais, répondit Dona Cruz. Tu as tort d’avoir peur, va, pauvre petite sœur : là-haut ce n’est pas bien terrible… et si je ne te savais pas ici, inquiète, triste, accablée, je m’amuserais de tout mon cœur.

— Que fait-on dans ce salon ?… le bruit vient jusqu’ici…

— Des folies… on rit à gorge déployée… le champagne coule… ces gentilshommes sont gais, spirituels, charmants… un surtout que l’on nomme Chaverny…

Aurore passa le revers de sa main sur son front comme pour rappeler un souvenir.

— Chaverny ! répéta-t-elle.

— Tout jeune… tout brillant… ne craignant ni Dieu ni diable !… — Mais il m’est défendu de m’occuper trop de lui, s’interrompit-elle ; — il est fiancé !

— Ah ! fit Aurore d’un ton distrait.

— Devine avec qui, petite sœur.

— Je ne sais… que m’importe cela ?

— Il t’importe assurément… c’est avec toi que le jeune marquis de Chaverny est fiancé !

Aurore releva lentement sa tête pâle et sourit tristement.

— Je ne plaisante pas ! insista dona Cruz.

— De ses nouvelles, à lui, murmura Aurore