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LE BOSSU.

Il était huit heures du soir, environ. Le souper promis avait lieu. Le salon était plein de lumières et de fleurs. La table resplendissait sous le lustre, et le désordre des mets prouvait que l’action était déjà depuis longtemps engagée.

Les convives étaient nos roués à la suite, parmi lesquels le petit marquis de Chaverny se distinguait par une ivresse prématurée. On n’était encore qu’au second service, et déjà il avait perdu à peu près complétement la raison.

Choisy, Navailles, Montaubert, Taranne et Albret avaient meilleure tête, car ils se tenaient droit encore et gardaient conscience des folies qu’ils pouvaient dire.

Il y avait des dames, bien entendu, et bien entendu, ces dames appartenaient en majeure partie à l’Opéra : noble institution qui, depuis tantôt deux cents ans, n’a jamais failli à fournir en abondance tout ce qui concerne son état.

C’était d’abord mademoiselle Fleury, reine de la fête, pour qui M. de Gonzague avait des bontés ; c’étaient ensuite mademoiselle Nivelle, la fille du Mississipi, la grosse et ronde Cidalise, bonne fille, nature d’éponge, qui absorbait madrigaux et mots spirituels pour les rendre en sottises, pour peu qu’on la pressât ; mademoiselle Desbois, mademoiselle Dorbigny et cinq ou