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LE BOSSU.

regards étonnés. Il y eut un silence, coupé de longs chuchotements.

Cocardasse redressait superbement les crocs gigantesques de sa moustache.

— Monseigneur m’avait donné deux commissions, reprit-il, et d’une !… j’arrive à l’autre… Je m’étais dit en quittant Passepoil : Cocardasse, ma caillou, réponds avec franchise : où trouve-t-on les cadavres ?… Le long de l’eau… Va bien !… Avant de chercher mes deux bagassas, j’ai fait un petit tour de promenade le long de la Seine… il faut être matinal : le soleil était déjà sur le Châtelet ; rien au bord de la Seine… Eh donc ! la rivière ne charriait que des bouchons !… Pécaïre ! nous avions manqué le coche !… Ce n’était pas tout à fait de ma faute, mais c’est égal, capédébiou ! Je me suis dit comme cela : Cocardasse, ma fille, tu périrais de honte si tu revenais vers ton illustre maître comme oun’pigeoun, sans avoir rempli ses petites instructions… Va bien ! quand on a le fil, les ressources ne manquent pas, non !… j’ai passé le Pont-Neuf, tout en me promenant les mains derrière le dos… et je dis : Tron de l’aër ! que la statue d’Henri IV y fait bien là où elle est… j’ai monté le faubourg Saint-Jacques… Hé ! Passepoil !

— Cocardasse ?