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LE BOSSU.

petite maison ! mais je la devine, avec ses issues dérobées, son jardin ombreux, ses boudoirs où le jour pénètre plus doux à travers les draperies discrètes… il y a des peintures aux plafonds : des nymphes et des Amours, des papillons et des roses… je vois le salon doré ! Je le vois, le salon des fêtes voluptueuses, tout plein de baisers, tout plein de sourires… je vois les girandoles ! Elles m’éblouissent !…

Il mit sa main au devant de ses yeux :

— Je vois des fleurs ; je respire leurs parfums… et qu’est-ce que cela auprès du vin exquis débordant de la coupe, tandis qu’un essaim de femmes adorables…

— Il est ivre déjà, dit Navailles, avant même d’être invité.

— C’est vrai, fit le bossu qui avait le front rouge et les yeux flamboyants comme un satyre, je suis ivre.

— Si monseigneur veut, glissa le gros Oriol à l’oreille de Gonzague, je préviendrai mademoiselle Nivelle.

— Elle est prévenue, répliqua le prince.

Et comme s’il eût voulu exalter encore l’extravagant caprice du bossu :

— Messieurs, ce n’est pas ici un souper comme les autres.