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LE BOSSU.

Gonzague ; je te promets que tu seras gentilhomme.

— Grand merci, monseigneur… quand cela ?

— Peste ! fit-on, il est pressé !

— Il faut le temps, dit Gonzague.

— Ils ont dit vrai, répliqua le bossu ; je suis pressé… Monseigneur, excusez-moi… vous venez de me dire que vous n’aimiez pas les services gratuits… cela me met à l’aise pour réclamer mon salaire tout de suite.

— Tout de suite ! se récria le prince, mais c’est impossible !

— Permettez ! il ne s’agit plus de gentilhommerie !

Il se rapprocha, et d’un ton insinuant :

— Pas n’est besoin d’être gentilhomme pour s’asseoir… auprès de M. Oriol par exemple… au petit souper de cette nuit.

Tout le monde éclata de rire, excepté Oriol et le prince.

— Tu sais aussi cela ? dit ce dernier en fronçant le sourcil.

— Deux mots entendus par hasard, monseigneur…, murmura le bossu avec humilité.

Les autres criaient déjà :

— On soupe donc ? on soupe donc ?

— Ah ! prince ! fit le bossu d’un ton pénétré ; c’est le supplice de Tantale que j’endure !… une