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LE BOSSU.

doute le parfum du noble et opulent plaisir… je me suis arrêté pour savourer cela… cela enivre, monseigneur : j’aime cela.

— Il n’est pas dégoûté, le seigneur Ésope ! s’écria Navailles.

— Quel connaisseur ! fit Oriol.

Le bossu le regarda en face.

— Vous qui portez des fardeaux, la nuit, dit-il à voix basse, vous comprendrez qu’on est capable de tout pour satisfaire un désir…

Oriol pâlit. Montaubert s’écria :

— Que veut-il dire ?…

— Expliquez-vous, l’ami ! ordonna Gonzague.

— Monseigneur, répliqua le bossu bonnement ; l’explication ne sera pas longue. Vous savez que j’ai eu l’honneur de quitter le Palais-Royal hier en même temps que vous… J’ai vu deux gentilshommes attelés à une civière ; ce n’est pas la coutume : j’ai pensé qu’ils étaient bien payés pour cela.

— Et sait-il… ? commença Oriol étourdiment :

— Ce qu’il y avait dans la litière ? interrompit le bossu, assurément… il y avait un vieux seigneur ivre à qui j’ai prêté plus tard le secours de mon bras pour regagner son hôtel.

Gonzague baissa les yeux et changea de cou-