Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 4-6.djvu/266

Cette page a été validée par deux contributeurs.
44
LE BOSSU.

vers qui s’élançait la pauvre virginité de mon cœur.

— Bossu ! bossu ! bossu !

Et ils riaient. Ils mentent donc ceux qui disent que l’or est le roi du monde !…

— Il fallait le montrer, ton or ! s’écria Navailles.

Gonzague était tout pensif.

— Je le montrai, reprit Ésope II dit Jonas ; les mains se tendirent, non point pour serrer la mienne, mais pour fouiller dans mes poches… je voulais amener chez moi des amis, une maîtresse… je n’y attirai que des voleurs !…

Vous souriez encore… moi, je pleurai… je pleurai des larmes sanglantes… mais je ne pleurai qu’une nuit. L’amitié, l’amour, extravagances ! à moi le plaisir ! à moi la débauche ! à moi tout ce qui du moins se vend à tout le monde !…

— L’ami, interrompit Gonzague avec froideur et fierté, saurai-je enfin ce que vous voulez de moi ?

— J’y arrive, monseigneur, répliqua le bossu, qui changea encore une fois de ton ; je sortis de nouveau de ma retraite, timide encore, mais ardent… la passion de jouir s’allumait en moi : je devenais philosophe… j’allai… j’errai… je me mis à la piste, flairant le vent des carrefours