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LE BOSSU.

un seul instant. Les pièces de six livres et les pistoles tombaient sans relâche dans sa sacoche de cuir. — Mais ce gain le laissait impassible. C’était déjà un financier endurci.

Il n’était point gai, ce matin ; il avait l’air malade. À ceux qui avaient la bonté de l’interroger à ce sujet, il répondait :

— Je me suis un peu trop fatigué cette nuit.

— Où cela, Jonas, mon ami ?

— Chez M. le régent qui m’avait invité à sa fête.

On riait, on signait, on payait : c’était une bénédiction !

Vers dix heures du matin, une acclamation immense, terrible, foudroyante, fit trembler les vitres de l’hôtel de Gonzague. Le canon qui annonce la naissance des fils du souverain ne fait pas à beaucoup près autant de bruit que cela. On battait des mains, on hurlait, les chapeaux volaient en l’air, la joie avait des éclats et des spasmes, des trépignements et des défaillances.

Les actions bleues, les petites-filles, avaient vu le jour ! Elles sortaient toutes fraîches, toutes vierges, toutes mignonnes, des presses de l’imprimerie royale.

N’y avait-il pas de quoi faire crouler la rue