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LE BOSSU.

— Monseigneur, dit-il en regardant sa montre, à l’heure où je vous parle, M. de Lagardère m’attend, hors de Paris, sur une route que je ne vous indiquerai point, dussiez-vous me donner la question. Voici onze heures de nuit qui vont sonner. Si M. de Lagardère ne reçoit de moi aucun message avant onze heures et demie, son cheval galopera vers la frontière. Il a des relais… Votre lieutenant de police n’y peut rien.

— Vous serez otage ! s’écria le régent.

— Oh ! moi, fit le bossu qui se prit à sourire ; pour peu que vous teniez à me garder prisonnier, je suis en votre pouvoir !

Il croisa ses bras sur sa poitrine. Le lieutenant de police entrait. Il était myope, et ne voyant point le bossu, il s’écria avant qu’on l’interrogeât :

— Voici du nouveau !… Votre Altesse Royale verra si on peut user de clémence envers de pareils brouillons ! Je tiens la preuve de leurs intelligences avec Alberoni… Cellamare est là-dedans jusqu’au cou… et M. de Villeroy… et M. de Villars et toute la vieille cour qui est avec le duc et la duchesse du Maine…

— Silence ! fit le régent.

M. de Machault apercevait justement le bossu. Il s’arrêta tout interdit.