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LE BOSSU.

Lagardère sembla s’éveiller quand les archers, Bonnivet à leur tête, l’entourèrent sur un signe du régent.

— Infâme ! gronda-t-il comme un lion qui rugit ; infâme !… infâme !…

Puis, rejetant à dix pas Bonnivet qui avait voulu lui mettre la main au collet :

— Hors de là ! s’écria-t-il d’une voix de tonnerre, et meure qui me touche !

Il se tourna vers Philippe d’Orléans, et ajouta :

— Monseigneur, je suis sacré… j’ai sauf-conduit de Votre Altesse Royale !

Ce disant, il tira de la poche de son pourpoint un parchemin qu’il déplia.

— Libre, quoi qu’il advienne ! lut-il à haute voix ; vous l’avez écrit… vous l’avez signé !

— Surprise ! voulut dire Gonzague.

— Du moment qu’il y a tromperie…, ajoutèrent MM. de Tresmes et de Machault.

Le régent leur imposa silence d’un geste.

— Voulez-vous donner raison à ceux qui disent que Philippe d’Orléans a plus d’une parole ?… s’écria-t-il. C’est écrit ; c’est signé… cet homme est libre… Il a quarante-huit heures pour passer la frontière.

Lagardère ne bougea pas.