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LE BOSSU.

devant moi… avec ses cheveux blonds poudrés et son pied qui aurait tenu dans le creux de ma main.

— Fameuse ! s’écria Cocardasse ; sandiéou ! et les fonds d’artichauts qui étaient autour !

— Et sa taille !… à prendre avec dix doigts… l’as-tu remarquée… ?

— J’aime mieux la mienne ! dit gravement Cocardasse.

— Par exemple ! se récria Passepoil ; rousse et louche, la tienne !

Il parlait de la voisine de Cocardasse.

Celui-ci le saisit par la nuque et le fit lever.

— Ma caillou, dit-il, je ne souffrirai pas que tu insultes mon souper ; où as-tu les plumes et les yeux de ma poularde et demie ?… Fais des excuses, capédébiou ! sinon je te fends sans pitié.

Ils avaient bu tous deux pour se consoler de leurs peines et ne valaient guère mieux que cet austère baron de Barbanchois.

Passepoil, las de la tyrannie de son noble ami, ne voulut pas faire d’excuses.

On dégaina, on se donna d’énormes horions en pure perte, puis on se prit aux cheveux et l’on finit par tomber sur le corps de M. le baron de Barbanchois, qui s’éveilla de nouveau pour chanter.