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LE BOSSU.

coutes, tu souris, tu me crois fou… je suis fou d’allégresse, c’est vrai, mais je parle sagement… Qu’ai-je fait durant toutes ces années ?… Je les ai passées toutes, toutes à te regarder grandir et fleurir… je les ai passées à guetter l’éveil de ton âme… je les ai passées à chercher ma joie dans ton sourire… Par le nom de Dieu ! tu avais raison : j’ai l’âge d’être heureux, l’âge de t’aimer !… tu es à moi !… nous serons tout l’un pour l’autre… tu as encore raison : hors de nous deux, rien en ce monde… nous irons en quelque retraite ignorée, loin d’ici… bien loin !… notre vie, je vais te la dire : l’amour à pleine coupe… l’amour, toujours l’amour ! Mais parle donc, Aurore, parle donc !

Elle écoutait avec ravissement.

— L’amour, répéta-t-elle comme en un songe heureux ! toujours l’amour !…

A pa pur ! disait Cocardasse qui tenait par les pieds M. le baron de Barbanchois ; voici un ancien qui pèse son poids, ma caillou !

Passepoil tenait la tête du même baron de Barbanchois, homme mécontent, que les orgies de la Régence dégoûtaient profondément, mais qui était ivre, pour le présent comme trois ou quatre czars faisant leur tour de France.

Cocardasse et Passepoil avaient été chargés