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LE BOSSU.

— Si je l’avais, ma mère, ici, avec vous, Henri, poursuivit-elle ; si je l’entendais vous appeler : Mon fils… Oh ! que seraient de plus les joies du paradis !… Mais, se reprit-elle après une courte pause, s’il me fallait choisir entre ma mère et vous…

Son sein agité tressaillait. Son charmant visage exprimait une mélancolie profonde. Lagardère attendait, anxieux, haletant.

— C’est mal, peut-être, ce que je vais dire, prononça-t-elle avec effort ; je le dis parce que je le pense… S’il me fallait choisir entre ma mère et vous…

Elle n’acheva pas, mais elle tomba brisée entre les bras d’Henri et s’écria la voix pleine de sanglots :

— Je t’aime ! oh ! je t’aime ! je t’aime !

Lagardère se redressa. D’une main, il la soutenait faible contre sa poitrine, de l’autre, il semblait prendre le ciel à témoin.

— Dieu qui nous vois, s’écria-t-il avec exaltation, Dieu qui nous entends et qui nous juges, tu me la donnes : je la prends et je jure qu’elle sera heureuse !

Aurore ouvrit les yeux et montra ses dents blanches en un pâle sourire.

— Merci ! merci ! poursuivit Lagardère en