Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 4-6.djvu/152

Cette page a été validée par deux contributeurs.
146
LE BOSSU.

l’amour, ce cantique sublime que Dieu, dans sa bonté, laisse entendre à la terre, l’enivrante manne qu’apporte la rosée du ciel ; l’amour sait embellir la laideur elle-même, l’amour met à la beauté une auréole divine !

Lagardère pressa contre son cœur sa fiancée frémissante.

Il y eut un long silence ; leurs lèvres ne se touchaient point.

— Merci ! merci ! murmura-t-il.

Leurs yeux se parlaient.

— Dis-moi, reprit Lagardère, dis-moi, Aurore… avec moi… as-tu toujours été heureuse ?

— Oui…, bien heureuse, répondit la jeune fille…

— Et pourtant, Aurore,… aujourd’hui, tu as pleuré !

— Vous savez cela, Henri ?

— Je sais tout ce qui te regarde… Pourquoi pleurais-tu ?

— Pourquoi pleurent les jeunes filles ? dit Aurore voulant éluder la question.

— Tu n’es pas comme les autres, toi… Quand tu pleures… Je t’en prie, pourquoi pleurais-tu ?

— De votre absence, Henri… Je vous vois bien rarement… Et aussi de cette pensée…

Elle hésita ; son regard se détourna.