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LE BOSSU.

me doive quelque chose, que vaut mon dévouement ?… Folie ! folie !…

Aurore lui tenait les deux mains.

— Folie ! reprit-il avec révolte ; j’ai bâti sur le sable… un souffle de vent a renversé le frêle édifice de mon espoir… mon rêve n’est plus !

Il ne sentait point la douce pression des doigts d’Aurore, il ne sentait point ses larmes brûlantes qui roulaient sur sa main.

— Je suis venu ici, fit-il en s’essuyant le front, pourquoi ?… avait-on besoin de moi ici ?… Que suis-je ?… Cette femme n’a-t-elle pas eu raison ?… J’ai parlé haut… j’ai parlé comme un insensé… Qui me dit que vous seriez heureuse ? s’interrompit-il en relevant sur Aurore son regard égaré. Vous pleurez…

— Je pleure de vous voir ainsi, Henri, balbutia la pauvre enfant.

— Plus tard, si je vous voyais pleurer, je mourrais…

— Pourquoi me verriez-vous pleurer ?

— Le sais-je ? Aurore, Aurore ! Sait-on jamais le cœur des femmes ?… sais-je seulement, moi, si vous m’aimez…

— Si je vous aime !… s’écria la jeune fille avec une ardente expansion.