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LE BOSSU.

— Vous souriez, Henri ? Je me suis trompée, tant mieux !… Laissons cela, et dites-moi bien vite pourquoi je suis restée prisonnière au milieu de cette fête ? Aviez-vous honte de moi ? n’étais-je pas assez belle ?

La coquette entr’ouvrait son domino dont le capuchon retombait déjà sur ses épaules, montrant à découvert son délicieux visage.

— Pas assez belle ! s’écria Lagardère ; vous, Aurore !

C’était de l’admiration ; mais, il faut bien l’avouer, c’était une admiration un peu distraite.

— Comme vous dites cela ! murmura la jeune fille tristement. Henri, vous me cachez quelque chose… Vous paraissez affligé… préoccupé… Hier, vous m’aviez promis que ce serait mon dernier jour d’ignorance… Je ne sais rien pourtant de plus qu’hier.

Lagardère la regardait en face et semblait rêver.

— Mais je ne me plains pas, reprit-elle en souriant ; vous voilà !… je ne me souviens plus d’avoir si longtemps attendu… Je suis heureuse… Vous allez enfin me montrer le bal…

— Le bal est achevé, dit Lagardère.

— C’est vrai… On n’entend plus ces joyeux accords qui venaient jusqu’ici railler la pauvre