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LE BOSSU.

vivra près de moi, en toute liberté et sûreté… Dites-moi cela, et je vous la rends !

La princesse était loin de s’attendre à cette conclusion, et cependant elle ne fut point désarmée. Elle crut à quelque stratagème nouveau : elle voulut opposer la ruse à la ruse.

Sa fille était au pouvoir de cet homme. Ce qu’il fallait, c’était ravoir sa fille.

— J’attends, dit Lagardère voyant qu’elle hésitait.

La princesse lui tendit la main tout à coup. Il fit un geste de surprise.

— Prenez, dit-elle, et pardonnez à une pauvre femme qui n’a jamais vu autour d’elle que des ennemis et des pervers… Si je me suis trompée, monsieur de Lagardère, je vous ferai réparation à deux genoux…

— Madame…

— Je l’avoue, je vous dois beaucoup… Ce n’était pas ainsi que nous devions nous revoir, monsieur de Lagardère… Peut-être avez-vous eu tort de me parler comme vous l’avez fait… Peut-être, de mon côté, ai-je montré trop d’orgueil… Je sais que j’ai de l’orgueil… J’aurais dû vous dire tout de suite que les paroles prononcées par moi devant le conseil de famille étaient à l’adresse de M. de Gonzague et provoquées par l’esprit même