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LE BOSSU.

pas défendre la fille de Nevers contre ce danger, comme je l’ai défendue contre tous les autres, je n’ai rien fait, je suis parjure au mort.

Il s’arrêta pour attendre une réponse ; la princesse garda le silence.

— Madame, reprit-il en faisant effort pour se calmer, — pardonnez moi, mon devoir m’oblige… mon devoir m’ordonne de faire avant tout mes conditions… Je veux qu’Aurore soit heureuse ! Je veux qu’elle soit libre !… Et plutôt que de la voir esclave…

— Achevez, monsieur ! dit la princesse d’un ton qui laissait percer la provocation.

Lagardère cessa de marcher.

— Non, madame, répondit-il, — je n’achèverai pas… par respect pour vous-même… vous m’avez suffisamment compris.

Madame de Gonzague eut un sourire amer et jeta ces mots à Henri stupéfait :

— Mademoiselle de Nevers est la plus riche héritière de France… quand on croit tenir cette proie on peut bien se débattre… je vous ai compris, monsieur, beaucoup mieux que vous ne le pensez !