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LE BOSSU.

et dix-huit années de protection incessante m’ont fait une autorité qui est l’égale de la vôtre.

— Oh !… protesta encore madame de Gonzague, l’égale…

— Qui est supérieure à la vôtre ! acheva Lagardère en élevant la voix ; car l’autorité solennellement déléguée par le père mourant suffit pour compenser votre autorité de mère… et j’ai de plus l’autorité payée au prix d’un tiers de mon existence… Ceci, madame, ne me donne qu’un droit : veiller avec plus de soin, avec plus de tendresse, avec plus de sollicitude sur l’orpheline. Je prétends user de ce droit, vis-à-vis de sa mère elle-même.

— Avez-vous donc défiance de moi ? murmura la princesse.

— Vous avez dit ce matin, madame… j’étais là caché dans la foule, je l’ai entendu… vous avez dit : « Ma fille n’eût-elle oublié qu’un seul instant la fierté de sa race, je voilerais mon visage et je dirais : Nevers est mort tout entier. »

— Dois-je craindre…? voulut interrompre la princesse en fronçant le sourcil.

— Vous ne devez rien craindre, madame ! la fille de Nevers est restée sous ma garde, pure comme les anges du ciel !…

— Eh bien ! monsieur, en ce cas…