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LE BOSSU.

— Même contre sa mère ? dit la princesse qui se redressa.

— Peut-être, fit Henri, cela dépend !

Un éclair de ressentiment jaillit des yeux de madame de Gonzague.

— Vous jouez avec ma détresse ! murmura-t-elle, expliquez-vous, je ne vous comprends pas.

— Je suis venu pour m’expliquer, madame… et j’ai hâte que l’explication soit achevée… Veuillez donc me prêter attention… Je ne sais pas comment vous me jugez : je crois que vous me jugez mal… ainsi peut-on, dans certains cas, esquiver par la colère les corvées de la reconnaissance. Avec moi, madame ? on n’esquive rien. Ma ligne est tracée d’avance ; je la suis : tant pis pour les obstacles… Il faut compter avec moi de plus d’une manière. J’ai mes droits de tuteur…

— De tuteur ! se récria la princesse.

— Quel autre nom donner à l’homme qui, pour accomplir la prière d’un mourant, brise sa propre vie et se donne tout entier à autrui ?… C’est trop peu, n’est-ce pas, madame, que ce titre de tuteur ! c’est pour cela que vous avez protesté !… ou bien votre trouble vous aveugle et vous n’avez pas senti que mon serment accompli avec religion