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LE BOSSU.

— Vous ignorez bien des choses, madame, interrompit Henri ; vous ignorez pourquoi la nouvelle de votre mariage révolta ma conscience comme s’il se fût agi d’un sacrilège… vous ignorez pourquoi la présence à l’hôtel de Gonzague de la fille de celui qui fut mon ami pendant une heure et qui m’appela son frère à son dernier soupir, me semblerait un outrage à la tombe, un blasphème odieux et impie…

— Et ne me l’apprendrez-vous point, monsieur ? demanda la princesse dont la prunelle s’alluma vaguement.

— Non madame… ce premier et dernier entretien sera court… il n’y sera traité que des choses indispensables… Je vois d’avance avec chagrin, mais avec résignation, que nous ne sommes point faits pour nous entendre… Quand j’appris cette nouvelle, je me fis encore une autre question… Connaissant mieux que vous la puissance des ennemis de votre fille, je me demandai : Comment pourra-t-elle défendre son enfant, celle qui n’a pas su se défendre elle-même ?

La princesse se couvrit le visage de ses mains.

— Monsieur ! monsieur ! s’écria-t-elle d’une voix entrecoupée par les sanglots, vous me brisez le cœur !