Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 4-6.djvu/120

Cette page a été validée par deux contributeurs.
114
LE BOSSU.

— Non, madame, interrompit Henri sévèrement, vous ne me comprenez pas… et la crainte me vient que vous n’ayez pas ce qu’il faut pour me comprendre.

— Que voulez-vous dire ?

— Votre fille n’est pas ici, madame.

— Elle est chez vous ? s’écria la princesse avec un mouvement de hauteur.

Puis se reprenant :

— Cela est tout simple, dit-elle ; vous avez veillé sur ma fille depuis sa naissance… elle ne vous a jamais quitté…

— Jamais, madame.

— Il est donc naturel qu’elle soit chez vous… Sans doute vous aviez des serviteurs…

— Quand votre fille eut douze ans, madame, je pris dans ma maison une vieille et fidèle servante de votre premier mari, dame Françoise…

— Françoise Berrichon ! s’écria la princesse avec vivacité.

Puis, prenant la main de Lagardère, elle ajouta :

— Monsieur, voilà qui est d’un gentilhomme, et je vous remercie !

Ces paroles serrèrent le cœur d’Henri comme une insulte. Madame de Gonzague était préoccupée trop puissamment pour s’en apercevoir.