Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 4-6.djvu/118

Cette page a été validée par deux contributeurs.
112
LE BOSSU.

murmura-t-elle ; mais je ne sais rien… et j’ai été bien souvent trompée.

Lagardère était froid ; ce langage le fit presque hostile.

— J’ai la preuve de la naissance de votre fille, madame, dit-il.

— Ces mots que vous avez prononcés. « J’y suis ?… »

— Je les appris, madame, non point de la bouche de votre mari… mais de la bouche des assassins.

— Vous le prononçâtes autrefois dans le fossé de Caylus.

— Et je donnai ainsi une seconde fois la vie à votre enfant, madame.

— Qui donc les a prononcés près de moi, ces mots, aujourd’hui même, dans le grand salon de l’hôtel de Gonzague ?

— Mon envoyé… un autre moi-même.

La princesse semblait chercher ses paroles.

Certes, entre ce sauveur et cette mère, l’entretien aurait dû n’être qu’une longue et ardente effusion. Il s’engageait comme une de ces luttes diplomatiques dont le dénoûment doit être une rupture mortelle.

Pourquoi ? C’est qu’il y avait entre eux un trésor dont tous deux étaient également jaloux.