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LE BOSSU.

chois et M. le baron de la Hunaudaye qui se hâtaient clopin-clopant en répétant :

— Où allons-nous, M. le baron, où allons-nous !

— Souper, leur répondit mademoiselle Cidalise qui passait au bras d’un mousquetaire.

Lagardère et madame la princesse de Gonzague furent bientôt seuls dans la charmille qui longeait le revers de la rue de Richelieu.

— Monsieur, dit la princesse dont l’émotion faisait trembler la voix, je viens d’entendre votre nom… Après vingt années écoulées, votre voix a éveillé en moi un poignant souvenir… Ce fut vous… ce fut vous, j’en suis sûre, qui reçûtes ma fille dans vos bras au château de Caylus.

— Ce fut moi, répondit Lagardère.

— Pourquoi me trompâtes-vous, en ce temps-là, monsieur ?… Répondez avec franchise, je vous en supplie.

— Parce que la bonté de Dieu m’inspira, madame… Mais ceci est une longue histoire dont les détails vous seront rapportés plus tard… J’ai défendu votre époux, j’ai eu sa dernière parole, j’ai sauvé votre enfant… Vous en faut-il davantage pour croire en moi, madame ?

La princesse le regarda.

— Dieu a mis la loyauté sur votre front,