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LE BOSSU.

La princesse écoutait et n’osait s’avancer. C’était cet homme-là qui tenait son destin dans sa main.

Lagardère avait un costume complet de cour, en satin blanc brodé d’argent. C’était bien toujours le beau Lagardère ! c’était le beau Lagardère plus que jamais. Sa taille, sans rien perdre de sa souplesse, avait pris de l’ampleur et de la majesté. L’intelligence virile, la noble volonté brillaient sur son visage : il y avait pour tempérer le feu de son regard, je ne sais quelle tristesse, résignée et douce.

La souffrance est bonne aux grandes âmes : c’était une âme grande et qui avait souffert.

Mais c’était un corps de bronze. Comme le vent, la pluie, la neige et la tempête glissent sur le front dur des statues, le temps, la fatigue, la douleur, la joie, la passion avaient glissé sur son front hautain sans y laisser de trace.

Il était beau ; il était jeune : cette nuance d’or bruni que le soleil des Espagnes avait mis à ses joues allait bien à ses cheveux blonds. C’est là l’opposition héroïque : molle chevelure faisant cadre aux traits fièrement basanés d’un soldat !

Il y avait là des costumes aussi riches, aussi brillants que celui de Lagardère : il n’y en avait