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LE BOSSU.

— Parlons de Lagardère ! s’écria Cocardasse ; c’est pourtant moi qui lui ai donné sa première leçon d’armes ! Il n’avait pas seize ans, mais quelles promesses d’avenir !

— Il en a à peine dix-huit aujourd’hui, dit Carrigue, et Dieu sait qu’il tient parole !

Malgré eux, les prévôts prenaient intérêt à cette manière de héros dont on leur rebattait les oreilles depuis le matin. Ils écoutaient, et personne parmi eux ne souhaitait plus se trouver en face de lui ailleurs qu’à table.

— Oui, n’est-ce pas, continua Cocardasse en s’animant, il a tenu parole ?… Pécaïre ! il est toujours beau, toujours brave comme un lion ?

— Toujours heureux auprès du beau sexe ? murmura Passepoil en rougissant jusqu’au bout de ses longues oreilles.

— Toujours évaporé, poursuivit le Gascon, toujours mauvaise tête ?

— Bourreau des crânes, et si doux avec les faibles !

— Casseur de vitres, tueur de maris !

Ils alternaient, nos deux prévôts, comme les bergers de Virgile. Arcades ambo !

— Beau joueur !

— Jetant l’or par les fenêtres !