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LE BOSSU.

de deux ou trois ans ; j’étais au service d’un docteur italien, élève du savant Exili, nommé Pierre Garba.

— Pietro Garba de Gaëte ! interrompit Faënza ; je l’ai connu… c’était un noir coquin !

Frère Passepoil eut un doux sourire.

— C’était un homme rangé, reprit-il, de mœurs tranquilles… affectant de la religion… instruit comme les gros livres… et qui avait pour métier de composer des breuvages bienfaisants qu’il appelait la liqueur de longue vie.

Les spadassins éclatèrent de rire tous à la fois.

— A pa pur ! fit Cocardasse, tu racontes comme un Dieu !… marche… !

M. de Peyrolles essuya son front, où il y avait de la sueur.

— Le prince Philippe de Gonzague, reprit Passepoil, venait voir très-souvent le bon Pierre Garba.

— Plus bas ! interrompit le confident comme malgré lui.

— Plus haut ! s’écrièrent les braves.

Tout cela les divertissait infiniment, d’autant mieux qu’ils voyaient au bout une augmentation de salaire.

— Parle, Passepoil ! parle, parle ! firent-ils en resserrant leur cercle.