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LE BOSSU.

Aurore passa la lettre à dona Cruz, qui se frotta les yeux avant de la lire, car elle avait des éblouissements.

— Et crois-tu à cela ? demanda-t-elle quand elle eut achevé.

— J’y crois, répondit Aurore, j’ai mes raisons pour y croire.

Elle souriait d’un air sûr d’elle-même. Henri ne lui avait-il pas dit de ne s’étonner de rien ?

Dona Cruz, elle, n’était pas éloignée de regarder la sécurité d’Aurore en de si étranges conjonctures comme un nouveau tour de l’esprit malin.

Cependant les caisses, cartons et paquets étalaient maintenant leur éblouissant contenu sur la grande table. — Dona Cruz put bien voir que ce n’étaient point là des feuilles sèches : il y avait une toilette complète de cour, plus un pardessus ou domino de satin rose, tout pareil à celui de mademoiselle de Nevers.

La robe était d’armure blanche, brodée d’argent : des roses semées avec une perle fine au centre de chacune d’elles : les basques, la pointe, les manches, le tour, brodés de plumes d’oiseau-mouche.

C’était la mode suprême. Madame la marquise d’Aubignac, fille du financier Soulas, avait fait