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LE BOSSU.

toujours le pays des mystères… J’étais donc bien embarrassée, lorsque j’entends gratter à ma porte… on entre avant que j’aie pu aller ouvrir… c’était un petit homme, tout noir, tout laid, tout contrefait… Il me salue jusqu’à terre… je lui rends son salut sans rire, et je prétends que c’est un beau trait… Il me dit : — Si mademoiselle veut bien me suivre, je la conduirai où elle souhaite aller…

— Un bossu ? dit Aurore qui rêvait.

— Oui, un bossu… C’est toi qui l’as envoyé ?

— Non… pas moi…

— Tu le connais ?

— Je ne lui ai jamais parlé.

— Ma foi, je n’avais pas prononcé une parole qui pût apprendre à âme qui vive que je voulais avancer ma visite projetée pour demain matin… Je suis fâchée que tu connaisses ce gnome… j’aurais aimé à le regarder jusqu’au bout comme un être surnaturel… Du reste, il faut bien qu’il soit un peu sorcier pour avoir trompé la surveillance de mes argus… Sans vanité, vois-tu, ma toute belle, je suis autrement gardée que toi !… Tu sais que je suis brave ; sa proposition chatouille ma manie d’aventures ; je l’accepte sans hésiter. Il me fait un second salut plus res-