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LE BOSSU.

» Je l’entendis qui disait, avec des larmes dans la voix :

» — Frère, me voici… Dieu m’est témoin que j’ai accompli ma promesse de mon mieux.

» Un bruit léger se fit derrière nous ; je me retournai. La vieille Françoise Berrichon et Jean-Marie son petit-fils étaient agenouillés dans l’herbe de l’autre côté de la grille de bois.

» Henri s’était aussi agenouillé. — Il pria silencieusement et longtemps.

» En se relevant, il me dit :

» — Baisez cette image, Aurore.

» J’obéis et je demandai pourquoi.

» Sa bouche s’ouvrit pour me répondre. — Puis il hésita. — Puis il dit enfin :

» — Parce que c’était un noble cœur, ma fille, et parce que je l’aimais.

» Je mis un second baiser au front glacé de la statue. — Henri me remercia en posant ma main contre son cœur.

» Comme il aime, quand il aime, ma mère ! — Peut-être est-il écrit qu’il ne doit pas m’aimer !

» Quelques minutes après, nous étions dans la maison où j’achève de vous écrire ces lignes, ma mère chérie. — Henri l’avait fait retenir d’avance. — Depuis que j’en ai franchi le seuil, je ne l’ai plus quittée.