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LE BOSSU.

vous connaître, ma mère ! Combien de fois n’ai-je pas essayé de savoir !… Mais Françoise, qui parle si volontiers d’ordinaire, devient muette dès qu’on aborde certains sujets.

» Quant à son petit-fils Jean-Marie, il est plus jeune que moi et ne sait pas.

» Je n’avais pas revu ma petite Flor une seule fois au couvent de l’Incarnation. Je la fis chercher aussitôt que je fus libre. On me dit qu’elle avait quitté Madrid. — Cela n’était pas, car je la vis peu de jours après chantant et dansant sur la Plaza-Santa. Je m’en plaignis à Henri, qui me dit :

» — On a eu tort de vous tromper, Aurore… On a bien fait de ne point vous rapprocher de cette pauvre enfant… Souvenez-vous qu’il est des choses qui éloigneraient de vous ceux que vous devez aimer…

» Qui donc dois-je aimer ?

» Vous, ma mère ! vous d’abord ! vous surtout !… Eh bien, vous déplairait-il que j’eusse de l’affection pour ma première amie ? de la reconnaissance pour celle qui nous sauva d’un grand péril ?

» Je ne crois pas cela. Ce n’est pas ainsi que je vous aime.

» Mon ami s’exagère vos sévérités. Vous