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LE BOSSU.

» J’entendis Flor qui murmurait à mon oreille :

» — Je vous sauverai tous deux, ou je mourrai !……

» ……… C’était vers le milieu de la nuit. On m’avait couchée sur un sac de toile plein de mousse desséchée, dans la tente du chef, qui dormait non loin de moi.

» Il y avait auprès de lui son escopette d’un côté, son cimeterre de l’autre.

» Je voyais, à la lueur de la lampe allumée, ses yeux, dont les paupières demi-ouvertes semblaient avoir des regards, même dans le sommeil.

» Aux pieds du chef, un gitano était blotti comme un chien et ronflait.

» J’ignorais où l’on avait mis mon ami Henri, et Dieu sait que je n’avais garde de fermer les yeux !

» J’étais sous la surveillance d’une vieille bohémienne, faisant près de moi l’office de geôlière. Elle s’était couchée en travers, la tête sur mon épaule, et, par surcroît de précaution, elle tenait en dormant ma main droite entre les siennes.

» Ce n’était pas tout. Au-dehors, j’entendais le pas régulier de deux sentinelles.