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LE BOSSU.

ombres noires derrière le cercle pailleté des gitanos, mais j’étais en garde désormais contre les illusions de la montagne. Je me tus et en approchant, je ne vis plus rien.

» Plût à Dieu que j’eusse parlé !

» Nous étions à peu près au milieu de la vallée, lorsqu’un grand gaillard à face basanée se dressa au-devant du bûcher, tenant à la main une escopette d’une longueur démesurée. Il cria en langue orientale une sorte de qui vive, et Flor lui répondit dans la même langue.

» — Soyez les bienvenus ! dit l’homme à l’escopette ; — nous vous donnerons le pain et le sel, puisque notre sœur vous amène.

» Ceci était pour nous.

» Les gitanos d’Espagne, et généralement toutes les bandes qui vivent en dehors de la loi dans les différents royaumes de l’Europe jouissent d’une réputation méritée sous le rapport de l’hospitalité. Le plus sanguinaire brigand respecte son hôte ; ceci même en Italie, où les brigands ne sont pas des lions, mais des hyènes.

» Une fois promis le sel et l’eau, nous n’avions plus rien à craindre, selon la commune croyance.

» Nous approchâmes sans défiance. On nous