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LE BOSSU.

» Cependant, le soleil se couchait derrière les arbres maigres de la forêt qui va vers Salamanque et nous n’apercevions nulle trace de posada. Le jour baissait ; les muletiers devenaient plus rares sur le chemin. C’était l’heure des mauvaises rencontres.

» Nous n’en devions point faire, ce soir-là, grâce à Dieu : il n’y avait qu’une bonne action sur notre route.

» Ce fut ce soir-là, ma mère, que nous trouvâmes ma petite Flor, ma chère gitanita, ma première et ma seule amie.

» Voilà bien longtemps que nous sommes séparées, et pourtant je suis bien sûre qu’elle se souvient de moi. — Deux ou trois jours après notre arrivée à Paris, j’étais dans la salle basse et je chantais. Tout à coup, j’entendis un cri dans la rue : je crus reconnaître la voix de Flor. — Un carrosse passait : un grand carrosse de voyage sans armoiries. Les stores en étaient baissés. — Je m’étais sans doute trompée.

» Mais bien souvent, depuis lors, je me suis mise à la fenêtre, espérant voir sa fine taille si souple, son pied de fer, effleurant la pointe des pavés et son œil noir, brillant derrière son voile de dentelles.