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LE BOSSU.

trop tard. Je distinguais déjà une forme humaine sous un manteau et je croyais reconnaître le manteau de la mystérieuse sentinelle qui s’était promenée sous nos fenêtres durant tout le jour.

» Je soulevai le manteau. C’était bien l’homme que j’avais vu dans la journée. Il était mort et son sang l’inondait.

» Je tombai à la renverse comme si j’eusse reçu moi-même le coup de la mort.

» Il y avait eu un combat, là, tout près de moi ; car, en sortant, Henri avait pris son épée. Henri avait encore une fois risqué sa vie pour moi, — pour moi, j’en étais sûre…

» … Je m’éveillai au milieu de la nuit. J’étais seule ou du moins je me croyais seule. — C’était une chambre encore plus pauvre que celle dont nous sortions, cette chambre qui se trouve d’ordinaire au premier étage des fermes espagnoles, dont les maîtres sont de pauvres hidalgos.

» Il y avait un bruit de voix à peine saisissable dans la pièce située au-dessous, — sans doute la salle commune de la ferme.

J’étais couchée sur un lit à colonnes vermoulues. Une paillasse, recouverte d’une serpillière en lambeaux. La lumière de la lune entrait par