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LE BOSSU.

faire captif, par cette blanche chèvre qui bêlait là-bas comme si elle eût demandé une caresse.

» Dans ces entretiens, il formait à mon insu mon esprit et mon cœur. Il lisait en cachette et se faisait femme pour m’instruire. J’appris à connaître Dieu et l’histoire de son peuple, les merveilles du ciel et de la terre.

» Parfois, dans ces instants où nous étions seuls tous deux, j’essayai de l’interroger et de savoir ce qu’était ma famille. — Souvent, je lui parlai de vous, ma mère.

» Il devenait triste et ne répondait pas.

» Seulement, il me disait :

» — Aurore, je vous promets que vous connaîtrez votre mère.

» Cette promesse faite depuis si longtemps s’accomplira, je l’espère, — j’en suis sûre, — car Henri n’a jamais menti.

» Et, si j’en crois les avertissements de mon cœur, l’instant est proche… Oh ! ma mère, comme je vais vous adorer !

» Mais je veux finir tout de suite ce qui a rapport à mon éducation. Je continuai à recevoir ses leçons bien longtemps après que nous eûmes quitté Pampelune et la Navarre. Jamais je n’ai eu d’autre maître que lui.

» Ce ne fut point de sa faute. Quand son mer-