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LE BOSSU.

rêtèrent d’un commun accord pour échanger une poignée de main.

Leur émotion était sincère et profonde.

— Morbioux ! fit Cocardasse, nous serons ses domestiques s’il veut, le petit Parisien, n’est-ce pas, mon bon ?

— Et nous ferons de lui un grand seigneur ! acheva Passepoil ; comme ça, l’argent du Peyrolles ne nous portera pas male-chance !

C’était donc M. de Peyrolles, l’homme de confiance de Philippe de Gonzague, qui faisait voyager ainsi maître Cocardasse et frère Passepoil.

Ils connaissaient bien ce Peyrolles, et mieux encore M. de Gonzague, son patron. Avant d’enseigner aux hobereaux de Tarbes ce noble et digne art de l’escrime italienne, ils avaient tenu salle d’armes à Paris, rue Croix-des-Petits-Champs, à deux pas du Louvre.

Et, sans le trouble que les passions apportaient dans leurs affaires, peut-être qu’ils eussent fait fortune, car la cour tout entière venait chez eux.

C’étaient deux bons diables, qui avaient fait sans doute, en un moment de presse, quelque terrible fredaine. Ils jouaient si bien de l’épée ! Soyons cléments, et ne cherchons pas trop pourquoi, mettant la clef sous la porte un beau jour,