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LE BOSSU.

C’était comme une muette prière. Elle souriait à Dieu.

Puis, parmi son sourire, une larme vint, — une perle qui un moment trembla au bord de sa paupière, pour rouler ensuite lentement sur le satin de sa joue.

— Comme il tarde !… murmura-t-elle.

Elle rassembla les pages éparses sur la table et les serra dans une petite cassette qu’elle poussa derrière le chevet de son lit.

— À demain ! dit-elle, comme si elle eût pris congé d’un compagnon de chaque jour.

Puis elle ferma sa fenêtre et prit sa guitare, dont elle tira quelques accords au hasard.

Elle attendait.

Aujourd’hui, elle avait relu toutes ces pages enfermées maintenant dans la cassette.

Hélas ! elle avait le temps de lire.

Ces pages contenaient son histoire, — ce qu’elle savait de son histoire.

L’histoire de ses impressions, de ses sentiments, de son cœur.

Pour qui avait-elle écrit cela ? Les premières lignes du manuscrit répondaient à cette question.

Aurore disait :

« Je commence d’écrire un soir où je suis seule après avoir attendu tout le jour. Ceci n’est