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LE BOSSU.

avait, en outre, un feutre rodomont et une énorme rapière.

C’était maître Cocardasse junior, natif de Toulouse, ancien maître en fait d’armes de la ville de Paris, présentement établi à Tarbes, où il faisait maigre chère.

Le second était d’apparence timide et modeste. Son costume eût pu convenir à un clerc râpé : un long pourpoint noir, coupé droit comme une soutanelle, couvrait ses chausses noires que l’usage avait rendues luisantes. Il était coiffé d’un bonnet de laine soigneusement rabattu sur ses oreilles, et, pour chaussure, malgré la chaleur accablante, il avait de bons brodequins fourrés.

À la différence de maître Cocardasse junior, qui jouissait d’une riche chevelure crépue, noire comme une toison de nègre et largement ébouriffée, son compagnon collait à ses tempes quelques mèches d’un blond déteint. Même contraste entre les deux terribles crocs qui servaient de moustaches au maître d’armes et les trois poils blanchâtres hérissés sous le long nez du prévôt.

Car c’était un prévôt ce paisible voyageur, et nous vous certifions qu’à l’occasion, il maniait vigoureusement la grande vilaine épée qui battait les flancs de son âne.

Il se nommait Amable Passepoil. Sa patrie