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LE BOSSU.

Mais la princesse, inflexible dans son désespoir, ne voulait point être consolée.

Elle était seule dans la vie. Elle se complaisait en cet abandon. Elle n’avait pas un ami, ni une confidente, — et le directeur de sa conscience lui-même n’avait que le secret de ses péchés.

C’était une femme fière et endurcie à souffrir. Un seul sentiment restait vivant dans ce cœur engourdi : l’amour maternel.

Elle aimait uniquement, passionnément le souvenir de sa fille.

La mémoire de Nevers était pour elle comme une religion. — La pensée de sa fille la ressuscitait et lui rendait de vagues rêves d’avenir.

Personne n’ignore l’influence profonde exercée sur notre être par les objets matériels. La princesse de Gonzague, toujours seule avec ses femmes qui avaient défense de lui parler, toujours entourée de tableaux muets et lugubres, était amoindrie dans son intelligence et dans sa sensibilité.

Elle disait parfois au prêtre qui la confessait :

— Je suis une morte.

C’était vrai ! La pauvre femme restait dans la vie comme un fantôme. Son existence ressemblait à un douloureux sommeil.