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LE BOSSU.

leine exerçait dans les jardins de Nevers. D’ailleurs, il est de ces sympathies qui naissent à première vue. Médor et la Baleine s’entendaient.

Médor poussa un hurlement rauque et s’élança.

— Gare-toi, bossu ! crièrent les agioteurs.

Ésope II attendit le chien de pied ferme. Au moment où Médor allait rentrer dans son ancienne niche comme en pays conquis, Ésope II, saisissant son poulet par les deux pattes, lui en appliqua un maître coup sur le mufle.

Ô prodige ! Médor, au lieu de se fâcher, se mit à se lécher les babines. Sa langue allait de ci de là, cherchant les bribes de volaille qui restaient attachées à son poil.

Un large éclat de rire accueillit ce beau stratagème de guerre.

Cent voix crièrent à la fois :

— Bravo ! bossu, bravo !

— Médor ! gredin ! pille ! pille ! faisait de son côté le géant.

Mais le lâche Médor trahissait définitivement. Ésope II venait de l’acheter au prix d’une cuisse de son poulet, offerte à la volée.

Ce que voyant, le géant ne mit plus de bornes à sa fureur. Il se rua à son tour vers la niche.

— Ah ! Jonas ! pauvre Jonas ! cria le chœur des marchands.