Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 1-3.djvu/296

Cette page a été validée par deux contributeurs.
72
LE BOSSU.

chère enfant ; et l’amitié ne s’improvise pas… Je me disais : « J’ai du crédit… Je ferai gracier le gentilhomme, qui ramènera la jeune fille… et ma chère petite dona Cruz ne sera plus seule. »

Il y avait dans ces paroles un tel accent de simplicité vraie, que la pauvre fillette en fut touchée jusqu’au fond du cœur.

— Ah ! fit-elle, — vous êtes bon !

— Je n’ai pas de rancune, dit Gonzague en souriant ; — il est temps encore.

— Ce que vous me proposez là, dit dona Cruz, — je n’osais pas vous le demander, mais j’en mourais d’envie !… ma pauvre belle Aurore !… mais vous n’avez pas besoin de savoir le nom du gentilhomme… vous n’avez pas besoin d’écrire en Espagne… j’ai revu mon amie.

— Depuis peu ?

— Tout récemment.

— Où donc ?

— À Paris.

— Ici ? fit Gonzague.

Dona Cruz ne se défiait plus. — Gonzague gardait son sourire, mais il était pâle.

— Mon Dieu ! reprit la fillette sans être interrogée, — ce fut le jour de notre arrivée… Depuis que nous avions passé la porte Sainte-Honoré, je me disputais avec M. de Peyrolles