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LE BOSSU.

Il n’était plus le maître de s’arrêter sur la pente où il avait mis le pied dès ses plus jeunes années ; fatalement, il était entraîné à mal faire pour couvrir et cacher ses anciens méfaits.

C’eût été une riche organisation pour le bien ; c’était pour le mal une machine vigoureuse. Rien ne lui coûtait. Après vingt-cinq ans, il ne sentait point encore de fatigue.

Quant au remords, Gonzague n’y croyait pas plus qu’à Dieu.

Nous n’avons pas besoin d’apprendre au lecteur que dona Cruz était pour lui un instrument, instrument fort habilement choisi et qui, selon toute apparence, devait fonctionner à merveille.

Gonzague n’avait point pris cette jeune fille au hasard. Il avait hésité longtemps avant de fixer son choix. Dona Cruz réunissait toutes les qualités qu’il avait rêvées, y compris certaine ressemblance assez vague assurément, mais suffisante pour que les indifférents pussent prononcer ce mot si précieux : « Il y a un air de famille. »

Cela vous donne tout de suite à l’imposture une terrible vraisemblance.

Mais une circonstance se présentait tout à coup, sur laquelle Gonzague n’avait point compté.

En ce moment, malgré l’étrange révélation