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LE BOSSU.

sion et profondément versé dans les études philosophiques.

S’il eût été seulement honnête homme avec cela, rien ne lui eût résisté.

Mais le sens de la droiture lui manquait. — Plus on est fort quand on n’a point de règle, plus on s’écarte de la vraie voie.

Il était comme ce prince des contes de l’enfance qui naît dans un berceau d’or entouré de fées amies. Les fées lui donnent tout, à cet heureux petit prince, tout ce qui peut faire la gloire et le bonheur d’un homme. — Mais on a oublié une fée ; celle-ci se fâche ; elle arrive en colère et dit : « Tu garderas tout ce que nos sœurs t’ont donné, mais… »

Ce mais suffit pour rendre le petit prince malheureux entre les plus misérables.

Gonzague était beau, Gonzague était puissamment riche, Gonzague était de race souveraine ; il avait de la bravoure, ses preuves étaient faites ; il avait de la science et de l’intelligence ; peu d’hommes maniaient la parole avec autant d’autorité que lui ; sa valeur diplomatique était connue et cotée fort haut ; à la cour, tout le monde subissait son charme ; mais…

Mais il n’avait ni foi ni loi et son passé tyrannisait déjà son présent.