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LE BOSSU.

Gonzague faisait évidemment effort pour cacher sa fiévreuse curiosité. Heureusement que dona Cruz était tout entière à ses souvenirs.

— Vous avez connu, dit le prince en affectant une froide indifférence, — une jeune fille qui s’appelait Aurore ?

— Oui…

— Quel âge avait-elle ?

— Mon âge… nous étions deux enfants… et nous nous aimions tendrement, bien qu’elle fût heureuse, et moi bien pauvre…

— Y a-t-il longtemps de cela ?

— Des années…

Elle regarda Gonzague en face et ajouta :

— Mais cela vous intéresse donc, monsieur le prince ?

Gonzague était un de ces hommes qu’on ne trouve jamais hors de garde.

Il prit la main de dona Cruz et répondit avec bonté :

— Je m’intéresse à tout ce que vous aimez, ma fille… Parlez-moi de cette jeune Aurore qui fut votre amie autrefois.